Pourquoi une étude de prix sur la mangue?
Les rares études existantes sont trop concentrées sur les mangues d'import/export (la Kent ou la Keit), ou ne sont pas suffisamment précises sur l'évolution des prix par espèce.
Cette étude de prix est nécessaire pour orienter la stratégie de développement durable de l' Association IRRIGASC. Une bonne compréhension des dynamiques du marché local peut aider le paysan à mieux diversifier et planifier sa production de mangues, et par là, lui garantir un revenu minimum et substantiel. Un manguier commence à produire à trois ans. Il est donc indispensable que les perspectives de retour sur investissement soient convaincantes pour avoir l'adhésion et l'engagement du paysan sur la durée.
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Une étude qui bouscule certaines idées reçues
Voici les premiers enseignements de l'étude de prix sur la mangue, effectuée d'avril à aout 2015, sur 8 marchés sénégalais:
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cette année 2015, les prix ont été soutenus et la chute des prix correspondant au pique de production de la mangue (1ère quinzaine de mai 2015) a été très peu marquée (la bassine de Sewe par exemple pouvait se trouver à 500FCFA il y a 3 ans à cette période). Cela s'explique en grande partie par la sécheresse exceptionnelle des 3 dernières années, qui a conduit à une récolte particulièrement faible cette année. Pour les producteurs, on peut estimer que les prix élevés ont compensé la baisse des ventes en volume.
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l'essentiel de la production locale (et donc de la consommation locale) est issue de mangues "locales" comme la Sewe, la Greffal , la Birame Diop et la Bouko Diekhal. Cela permet d'allonger la période de récoltes (et de revenus) sur 5 mois, de toucher différents besoins de consommation et de moyens financiers (la Sewe est en moyenne 2 fois moins chère que la Bouko Diekhal), et de diminuer les risques phytosanitaires.
Cette comparaison montre que la mangue reste encore entre 2 à 2 fois et demie plus chère à Fatick qu'à Dakar, et entre 1 fois et demie à 2 fois plus chère qu'à MBour. Cela confirme le role stratégique de l'Association IRRIGASC dans les zones rurales. Non seulement il est important de permettre aux populations rurales de se nourrir à un prix raisonnable, mais le potentiel de revenu pour les producteurs locaux de mangues est encore garanti pour de nombreuses années. Et cela pour 2 raisons:
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il faudrait une augmentation de la capacité locale de production de mangues d'au moins 10% par an pour compenser la croissance demographique des zones rurales (+ de 10% par an) . Nous en sommes loin.
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la dissémination de la population ne permet pas aux circuits de distribution de couvrir efficacement et économiquement ces zones. Il faut donc une solution locale, "au pied de l'arbre", telle que nous le proposons.
Cette étude de prix a été réalisée en grande partie par un jeune étudiant, Issa SECK, rigoureux et passionné. Elle sera reconduite tous les ans sur les zones de production de l'association IRRIGASC pour permettre une surveillance des prix et des marchés locaux, surveillance indispensable pour mesurer l'impact et adapter la stratégie de développement.